ÉCRIRE UN LIVRE

Un panel de petites infos et astuces pour ceux qui se lancent dans l’écriture d’un livre ainsi que des indications pour s'initier dans l’écriture d'un scénario.

posté le 15-12-2022 à 03:01:09

LES CORRECTIONS

 

LES CORRECTIONS
 
 


 
 
Voilà une étape que l’auteur ne devra pas négliger pour donner du sérieux à son travail littéraire.

Un livre constellé de phote d’aurtografe, de grammaire ou de vocabulaire ne fait pas sérieux. Je conseillerais déjà à l’auteur qui souffre de lacunes dans ces domaines, de régler le problème en amont, en prenant des cours. Les difficultés qu’il rencontre ne sont peut-être pas aussi insurmontables qu’il/elle le croit et Internet, avec ses multiples tutoriels et sites d’apprentissage de la langue, peut déjà améliorer la situation. Ceux qui s’en sortent peuvent aussi prendre des cours pour s’améliorer : il y a toujours à apprendre. En ce qui me concerne, j’ai eu l’initiative de faire un stage et j’ai eu la chance d’avoir parmi mes formateurs, Jean-Pierre Colignon, un des correcteurs de la dictée de Pivot.

Avec un livre, il faut parler de corrections au pluriel, et ce n’est pas avec l’orthographe, ni les coquilles, que l’on commence, mais avec le fond.
 
 

 
 
 
À l’écoute de son texte

L’auteur vient d’apposer le point final. Comme je l’avais précisé dans le premier article, un texte a besoin de repos. C’est comme la pâte à crêpes. Donc, première étape du correcteur : ne rien faire !

Le texte doit être laissé de côté sans aucune relecture pendant trois jours a minima, mais c’est mieux si c’est une semaine et encore mieux, durant un mois.

Vient le moment de la reprise du texte. Il s’agit de se lancer dans une première lecture en allant du début à la fin sans sauter le moindre passage et en évitant les trop longues interruptions. Plus la lecture se fait dans la continuité, mieux c’est.

Pourquoi ça ?

L’auteur, en se relisant, va s’apercevoir que son texte a un rythme et une musicalité. C’est donc, dans un premier temps, à cette musicalité qu’il se fie. Là où le texte semble trop lourd, trop lent ou discordant, il y a nécessité de rectifier.

Petite précision : ce travail concerne tous les livres, y compris, les essais, même si cette musicalité a sans doute plus d’importance dans l’art romanesque.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Une fois ces premières rectifications, on laisse de nouveau reposer. Puis on revient sur les parties modifiées. Si elles ne conviennent toujours pas, on modifie à nouveau, etc, jusqu’à obtenir une bonne musicalité.

 
 
 
Le défrichage et le « ratiboisage »

Après cette première étape de correction qui se fait au feeling, on est encore très loin du texte définitif, puisqu’on est toujours dans le premier jet d’écriture.  

Dans une deuxième étape, l’auteur devra avoir beaucoup moins d’attachement et de compassion pour ce qu’il a écrit car, il doit déjà s’y attendre : une bonne partie de son texte a tout intérêt à finir à la poubelle.  
 
                                                                                  La seconde étape est donc celle qui consiste à défricher et donc à tailler le texte de base. Il s’agit néanmoins de distinguer deux sortes de tailles : « la taille correctrice » et « la taille commerciale ». Dans la taille correctrice, on supprime les détails inutiles et maladres-ses qui ne sont pas for-cément appa-rents aux pre-miers coups d’œil, mais qui vont inévita-blement alour-dir le texte.

Dans la taille commerciale, on supprime aussi ce qui n’est pas vraiment utile à la narration, en tenant compte du nombre de signes et de ce qui peut plaire ou déplaire à la majorité des lecteurs. L’auteur qui rêve d’avoir son livre publié dans une maison d’édition renommée doit déjà savoir que certains éditeurs sont sans pitié quand il s’agit de supprimer du texte. Il devra accepter à contre-cœur de voir certains de ses passages adorés finir à la trappe. Il n’est d’ailleurs pas rare que cette phase de découpage soit une source de conflits entre auteur et éditeur, mais est-ce toujours l’éditeur qui sait mieux ? Il faut quand même reconnaître qu’il y a parfois de l’abus, à ce niveau-là, chez les éditeurs. Les textes peuvent être tellement laminés et dénaturés, qu’on obtient des modèles lisses, impersonnels, conformes à des standards. À un salon du livre, je me souviens de la remarque d’une lectrice qui avait décidé d’arrêter de lire du Lévy et du Musso : « En fin de compte, c’est toujours le même livre qu’on nous donne à lire. »  Tout est dit !

La taille propre à la correction, elle non plus, ne ménage pas toujours le travail de l’auteur. Aussi l’auteur qui corrige son propre texte doit apprendre à être sévère avec lui-même/elle-même. Dans l’intérêt du texte, il faut accepter de couper et de jeter une partie de ce qui a été écrit, peut-être avec passion ou à la sueur d’un cerveau en ébullition. Tailler permet d’alléger et de fluidifier le texte. Il n’y a pas de regrets à avoir.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
La correction sur le fond ne consiste pas uniquement à découper. Parfois, il s’agit de remplacer un mot par un autre ou de rajouter une précision. Tout dépend des problèmes rencontrés. Quoi qu’il en soit, le texte définitif sera toujours plus court que le texte initial.


Voici les principales faiblesses du texte qui peuvent nécessiter des modifications sur le fond :
 
– Les répétitions d’un même mot, d’une même formule, qui correspondent à des tics du langage.

– Les pléonasmes. Il y en a plein : « sortir dehors, monter en haut », sont parmi les plus connus. Mais il y a aussi : « continuer encore » ; « enfermer dans une prison » ; « la pluie qui tombe » ; « debout sur ses deux pieds » ; « pousser la porte pour l’ouvrir », etc.

– L’usage de mots passe-partout au sens imprécis, tels que « chose », « truc », « machin », mais aussi « faire », « prendre », « donner », « passer », « sentir » ainsi qu’une surutilisation des auxiliaires être et avoir. Ces mots doivent être remplacés par d’autres, plus significatifs, qui enrichissent le texte en vocabulaire.

– Les phrases à la voie passive, qui affadissent l’histoire.
 
 
 
– Les mala-dresses, inco-hérences et contradictions. Parmi les inco-hérences pos-sibles, il y a  :
* Le moment de la journée : fait-il jour ou nuit ? Un personnage qui est dans le noir ne peut pas voir en détail son environnement
* La période de l’année : saison chaude ou froide ? Comment sont vêtus les personnages ? Comment est la végétation ?
Les logiques de comportements : tenir compte-compte de l’âge, du pays, du niveau social… et des informations données. Par exemple, si un personnage boit beaucoup, il sera ivre et s’il est ivre, il ne va pas se mettre, par exemple, à courir ou à effectuer de la comptabilité.
Tenir compte des cinq sens : qu’est-ce que l’on voit ? entend ? sent ? Si on est en ville, c’est forcément bruyant. Si « ça » brûle, il y aura probablement une odeur, une chaleur… la vision d’un cadavre impressionne fortement et son état de putréfaction a une odeur repoussante, etc.


– Les inco-hérences liées à la répétition des scènes. Si un personnage voit le soleil se lever par une fenêtre ; il ne peut pas le voir se coucher par la même fenêtre. Si en entrant, il pousse une porte, il doit tirer la porte vers lui lorsqu’il ressort.
 
 

– Les expli-cations inuti-les. D’une part tout n’est pas forcément ra-tionnel. D’au-tre part, il n’est pas né-cessaire, pour l’auteur, de tout expliquer. Par exemple, il n’est pas tou-jours indis-pensable d’ex-pliquer, dans une narration, pourquoi un personnage arrive en retard, pourquoi il est malade, pourquoi il est fatigué… surtout si ces informations n’ont aucun intérêt, à moins qu’il s’agisse de rendre compte de la banalité d’un quotidien, à travers un dialogue, par exemple. Mais à éviter, les banalités du genre : « Il se lève de son lit, coupe l’alarme de son réveil, va vers la cuisine, se fait un café… » Ne pas hésiter à faire des sauts dans le temps.
 
 
– Le texte donne des indications au sujet d’un personnage. Par exemple : « il a peur », « il est content », « il a chaud ». Il est préférable de montrer plutôt que d’expliquer. Par exemple, un personnage qui a chaud, éponge la sueur sur son front, boit beaucoup, se met à l’ombre, etc. Il n’est donc pas nécessaire de préciser : « Il a chaud ».
 
– Les goûts, les émotions, les impres-sions et les sensations sont présen-tées à partir de compor-tements, comme : « Il blêmit » ; « Il sourit » ; « Ses yeux s’arrondissent d’étonnement », alors que le personnage est seul et/ou qu’il n’est pas observé. L’auteur s’est sans doute laissé influencer par des récits sur écran. Dans une histoire écrite, il peut paraître invraisemblable d’avoir une vision à la fois intérieure et extérieure du personnage. De même, le changement d’angle (et de point de vue) peut passer pour une maladresse. Par exemple : « X s’avance avec prudence vers la porte. Un homme arrive dans son dos, mais il ne le voit pas… » Il est préférable, lorsque l’auteur s’attache à décrire les gestes et les ressentis d’un personnage, de ne pas rendre compte, sauf pour un effet de style particulier, de ce que le personnage ne voit pas, n’entend pas et ignore.  
 
– La longueur des phrases n’est pas ad-aptée au récit. Privilégier les phrases cour-tes pour les moments d’action et les phrases longues pour les moments de réflexion (introspective ?) ou de rêve. Il est parfois préférable de modifier la longueur des phrases pour faciliter la compréhension. Dans les textes anciens, il pouvait être attendu du lecteur, qu’il s’efforce à comprendre. À notre époque, le lecteur doit comprendre sans effort.

– Les concordances de temps. L’action principale, se déroule-t-elle dans le temps présent ? Dans le temps passé ? Si une action passée a encore un effet dans le présent, il faut utiliser le passé composé. Si elle n’a plus d’effet dans le présent, il faut utiliser l’imparfait. Exemple :  Il a lavé sa voiture. (La voiture est propre.) Il lavait sa voiture. (La voiture est sale).  
 
 
 
Ici, l’exemple d’un extrait de texte (pioché sur Internet) qui peut cor-respondre à un premier jet d’écriture. Le texte relate un accident de voiture :

Nous commençons ensuite à rouler (1). Je ferme les yeux en écoutant la musique qui passe à la radio et je souris en reconnaissant un morceau que j’aime, « Forever young » d’Alphaville. (2) Mais très vite la fatigue de la semaine me rattrape et je m’endors avant la fin de la chanson. (3)
Un bruit de klaxon me réveille en sursaut. (4) J’ouvre les yeux (5) et suis immédiatement éblouie par une lumière intense. (6) Avant que je ne comprenne ce qui se passe, (7) je sens que quelque chose percute violemment notre véhicule. (8)
 
Ici, le texte, tel qu’il peut être corrigé :

Nous roulons dans la nuit (1). Je ferme les yeux. « Forever young » passe à la radio. « Jeune pour l’éternité » titre la chanson.  (2) – Je me laisse bercer et sombre dans une torpeur. (3) Soudain, un Klaxon. Je sursaute. (4) À peine je soulève les paupières (5) qu’une lumière vive m’agresse (6). S’ensuit la secousse violente d’un choc. (7) Nous venons d’être percutés. (8)
 

(1) – suppr. les informations redondantes et d’autre part préciser qu’il fait nuit, puisque ensuite il est question d’une « lumière vive ». (2) – suppr. les informations inutiles et le vocabulaire inapproprié : « Alphaville » : soit le lecteur connaît la chanson, le nom du groupe est donc inutile, soit il ne la connaît pas et dans ce cas cette précision ne sert à rien. En revanche il est possible de rajouter la traduction du titre si elle est en corrélation avec le contexte ; « écouter » nécessite une attention (et donc un éveil). La radio ne diffuse ni une musique (il s’agit d’une chanson), ni un morceau (la chanson est en entier). On ne se voit pas soi-même sourire. (3) – suppr. les justifications inutiles (par exemple le mot « bruit » qui ne donne aucune information) et privilégier le ressenti. (4) – Quand il y a une succession de faits rapides, privilégier les phrases courtes. (5) – éviter les répétitions. (6) – privilégier la voie active à la voie passive. (7) – suggérer l’incompréhension au lieu de l’expliquer.  (8) – vocabulaire à adapter (le terme « je sens » est trop soft ; le mot  imprécis « quelque chose » est à éviter, surtout lorsqu’il s’agit de transmettre un ressenti.)
 
 
 
Le texte de notre exem-ple, peut-il être encore rac-courci ? Oui ! Et c’est ce que déci-deront bien des édi-teurs.
 
 
Voilà à quoi peut correspondre une version définitive :

Alors que nous roulons dans la nuit, je me laisse bercer par « Forever young ». Soudain, un Klaxon agressif me sort de ma torpeur ; une lumière vive me brûle les yeux ; brutalité d’un choc qui m’emporte, c’est la collision.

Mais des éditeurs peuvent encore déconseiller de préciser le titre d’une chanson, que des lecteurs ne vont pas  forcément apprécier. Le mot « soudain » peut aussi être enlevé. (Dans ce cas, ce sera au lecteur de réaliser que la situation a brusquement changé, comme s’il ressentait ce que vit le personnage.) Ou bien, ce qui précède l’accident n’a pas d’intérêt et doit être supprimé.

Au final, il risque de ne pas rester grand-chose du texte initial. C’est comme ça que certains livres finissent entiers dans la corbeille à papier.

Les dernières transformations faites, le texte va avoir encore besoin de repos avant une nouvelle relecture complète. S’il convient, on passe cette fois à la seconde phase de correction : celle qui concerne « les erreurs ».
 
 
 
 
Correction des « erreurs »

Il s’agit « d’er-reurs » au pluriel, certai-nes concer-nant  le fond  et d’autres  la forme.

Le plus important est de ne pas en oublier lorsqu’on les répertorie.

Commençons par les erreurs qui concernent le fond :

– Le vocabulaire mal approprié. Il existe toujours des mots qui ont été mal appris et interprétés. C’est le cas, notamment, des termes qui appartiennent à un langage recherché. Si l’auteur a un moindre doute sur le sens d’un mot, il doit le vérifier.

– Des expressions sont mal utilisées. Même remarque en ce qui concerne les expressions.

– Des négations mal utilisées. Oubli du « ne » de la négation, ou au contraire « ne » de la négation non justifié, ou double négation, du genre : « Personne ne peut pas dire…» Bien se renseigner au sujet des règles qui concernent la négation, s’il y a un doute. Attention, pour l’auteur, de ne pas écrire le contraire de ce qu’il veut dire !

– Un registre du langage qui ne correspond pas aux personnages, ni à la situation. Un enfant ne parle pas comme un adulte. L’accent et le vocabulaire varient selon les régions. Un étranger peut mal prononcer certaines lettres. Vouvoiement ou tutoiement ? Langage de cités ou de milieux huppés ? Par exemple, dans un château, il n’y a pas de portails, mais des grilles. Attention, certaines catégories professionnelles comme les navigateurs ou les militaires, emploient un vocabulaire spécifique.
 
 

– Erreurs concernant les mesures. Par exemple, le nombre de kilomètres parcourus ne correspond pas à la durée. Le poids ne correspond pas à l’objet. Il y a par ailleurs des oublis concernant le décalage horaire. L’eau de la mer ne gèle pas à 0°c parce qu’il y a du sel dans la mer. La force des vents doit correspondre aux dégâts annoncés. Avant l’an 2000, on payait avec des francs (en France), etc.
 
– Erreurs propres à la spécificité d’un lieu. L’auteur s’est risqué à décrire un endroit qu’il ne connaît pas. Or, certains détails peuvent ne pas correspondre, par exemple des indications d’ordre climatique (erreurs dans les températures, dans la possibilité qu’il neige ou pas, par exemple, etc), ou d’ordre architectural (en ce qui concerne les monuments religieux, la présence ou non d’immeubles, d’un port, d’une gare…), ou encore en rapport avec l’environnement naturel (avec ou sans forêt, des plages de sable ou de galets, lorsque les roches ou le sol ont une couleur spécifique, etc). Chaque détail de la description doit être vérifié.

– Les erreurs de ponctuation, qui peuvent modifier le sens d’une phrase. Exemple : « Vous devez secouer, grand-père ! » ; « Vous devez secouer grand père. » Le titre de mon dernier livre propose un exemple éloquent : « FILS DE » n’a pas le même sens que « FILS DE… », ni que « FILS, DE. » (Des fils et un dé).

Passons, à présent, aux erreurs qui concernent la forme.
 
Là encore, il s’agit de les répertorier :
 
 
 
– Les fautes de temps et les verbes mal conjugués. Les accords du verbe en pre-nant en com-pte les sujets inversés.

– Les participes passés (accords avec les verbes d’état (dont être), les verbes pronominaux, lorsqu’il y a deux verbes successifs [ex : « avoir fait imprimer »], avec le verbe avoir lorsque le COD est placé avant le verbe, avec l’usage de la règle qui permet de distinguer le pp du verbe à l’infinitif).

– Les accords masculin/féminin ou singulier/pluriel des noms et des adjectifs, avec une attention particulière pour les règles qui s’appliquent aux couleurs.

– L’orthographe des noms communs : questionnements au sujet de lettres qui se doublent. Vérifier que le nom n’est pas confondu avec un homonyme et qu’il ne s’agit pas d’un néologisme.

– L’orthographe des noms propres. S’ils ont été inventés, vérifier qu’ils ont toujours été orthographiés de la même façon.

– Les conjonctions, prépositions ou pronoms qui servent à articuler les mots ou les phrases. Dit-on : « la faute à… » ou  « la faute de… » ? « Le fils à…» ou « le fils de… »

– Les accents sur le à minuscule, les À et É majuscules, le u du où (à ajouter ou retirer), le é, è, ou ê.

– Les majuscules et/ou les minuscules. Il existe dans certains cas des règles qui imposent une majuscule en début de noms communs ou qui les proscrivent.
 
– Les paragraphes, qui nécessitent parfois d'être séparés ou, au contraire, accolés.
 
Dans cette catégorie de corrections, il est important d’avoir une double lecture : une lecture qui tient compte du sens de la phrase et une lecture qui se détache du sens.


Enfin, voici la dernière phase de corrections.
 
Celle-ci concerne :

– Les coquilles.

– Les espaces en double ou qui manquent et les ponctuations oubliées ou mal écrites.

– Les abréviations. Faut-il ou non abréger ? Cela concerne aussi les nombres ordinaux : 1er ou premier ? Une fois que l’auteur a fait un choix, il doit s’y tenir tout au long de son texte.

– Les italiques ou caractères gras, à ajouter ou à enlever.
 
 
 
 
Dans cette dernière catégorie de corrections, qui suit, il s’agit cette fois de se détacher totalement du sens du texte, principalement lors de la chasse aux coquilles.

Pourquoi ?

Parce que le cerveau va avoir le réflexe de corriger lui-même l’erreur, avant même qu’elle puisse être repéré consciemment. Ainsi, nous pouvons relire plusieurs fois une phrase toute simple et ne pas voir la lettre qui manque ou la lettre en trop, du fait de cette rectification mentale.

Dans le monde des correcteurs, on dit qu’il faut « avoir l’œil américain », c’est-à-dire, détailler les mots une syllabe après l’autre.

Un conseil est donné, pour que le correcteur ne se laisse pas happer par le sens du texte : il corrige à partir de la fin, ce qui l’oblige à lire l’histoire à l’envers !

Ainsi, ont été présentées les différentes phases de la correction. Il est alors judicieux de corriger méthodiquement en procédant étape par étape, car face au texte, il n’est pas évident de suivre en même temps toutes les pistes de recherche.

Il faut en même temps distinguer les corrections qui exigent d’être attentifs au sens du texte et celles qui, au contraire, nécessitent de s’en détacher.

Regardez cette couverture de magazine. Avez-vous remarqué la faute ?




Les solutions d’aides gratuites ou peu coûteuses, pour la correction.

Commençons par les plus basiques :

– Les correcteurs et dictionnaires intégrés dans le logiciel d’écriture. Mais attention ! Les correcteurs automatiques ont pour inconvénients… d’être automatiques. Sans une vérification de la part de l’auteur, il peut y avoir, au contraire, des fautes qui s’ajoutent !
 
– Les sites ou tutoriels spécialisés dans l’apprentissage de l’orthographe, de la grammaire ou de la conjugaison.

– Les sites de synonymes.

– la possibilité de se procurer des brochures gratuites sur le site https://beta-lecture-and-co.fr/guides-offerts. L’aide à la correction de ces guides restera néanmoins sommaire.
 
 
 

– Rien de mieux qu’une intervention humaine. Le choix d’un correcteur professionnel est évidemment un investissement coûteux, mais comme nous l’avons vu dans les articles précédents, les maisons d’édition s’intéressent essentiellement au premier chapitre, voire au dernier. Il est donc possible d’opter uniquement pour une correction professionnelle des premier et dernier chapitres, voire uniquement pour une correction du premier chapitre. Enfin, juste une correction d’une page peut renseigner l’auteur sur ses points faibles. Les correcteurs qui sont à privilégier sont ceux qui travaillent ou ont travaillé dans le monde de l’édition.

– Il existe des correcteurs automatiques bien plus performants que ceux intégrés dans les logiciels, mais eux aussi ont un coût. Toutefois, il est possible de les utiliser gratuitement, à condition de ne placer que des textes courts, qui ne dépassent pas, en moyenne 1500 caractères. Avec un peu de patience, il est possible de faire passer son texte bout par bout et d’obtenir ainsi une correction intégrale gratuite !
 
 
 
L’accès à ces correcteurs s’obtient en tapant : « Correcteur d’orthographe gratuit » sur Google. Ensuite en sélectionner un.

Un que j’apprécie, en particulier, est SCRIBEN. Ça ne veut pas dire qu’il est forcément le plus performant.

 
 
Ces correcteurs automatiques ne peuvent que proposer une aide complémentaire. Ils ne remplacent, en aucun cas, le travail d’un vrai correcteur.

Bénéficier gratuitement d’un coup de pouce pour corriger et améliorer son livre est également possible en se rendant sur le site : atelier des auteurs, dont voici ici le lien : https://www.atelierdesauteurs.com

Sur ce site, tout auteur peut proposer des parties d’un texte en friche, des brouillons, ou l’intégralité du livre et obtenir des avis bienveillants de lecteurs sur le fond ou la forme. Les textes sont annotés et les correcteurs bénévoles peuvent ajouter des explications pour chaque correction proposée.


Les auteurs ont également la possibilité de poser toutes les questions qu’ils souhaitent au sujet de leurs écrits ou des problématiques de l’écriture en général.

Autre point intéressant, ceux qui traitent de sujets médicaux dans leurs livres, peuvent aussi bénéficier de l’aide d’un professionnel de la médecine !

Je terminerai cet article par une présentation du site « atelier des auteurs » en images.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
                               
 
 

 
 
 
 
 
 
 
Alors, cher(e) auteur(e), à tes corrections ! Il n’est pas question de négliger cette étape. Et ne sois pas étonné(e) de mettre autant de temps à corriger qu’à écrire…
 
 

 
 


 
 
posté le 07-12-2022 à 15:22:46

L'ÉCRITURE

 

L’ÉCRITURE
 

 


Si l’on s’en tient au cheminement de l’écriture, il est possible de prétendre que la rédaction d'un livre est, en soi, un défi qui se mesure au nombre de pages remplies.

 

Comme pour un vrai cheminement, de randonneur par exemple, on trouve un point de départ et un point d’arrivée. Il serait une erreur de croire qu’un auteur – comme d’ailleurs un randonneur – dispose de la liberté de s’arrêter définitivement à n’importe quel endroit, dès lors qu’il sent venir l’épuisement. S’arrêter avant d’avoir atteint son objectif, dans l’écriture d’un livre comme dans la marche, n’est rien de plus qu’un aveu d’échec.

Cela veut-il dire qu’il est impossible d’envisager un texte plus réduit, en cours d’écriture ? Ne nous égarons pas… tout remaniement est possible, mais écourter son livre, même quand il ne s’agit pas d’une fiction, revient généralement à modifier le projet initial.

 

 

 

Précédemment, j’ai évoqué le terme d’engagement. Ce terme peut paraître curieux dans le contexte de l’écriture. Pour s’engager, ne faut-il pas être plusieurs ou au moins deux ? Auquel cas, comment l’auteur, seul face à ses pages blanches, peut s’engager ? Il le fait, néanmoins, vis-à-vis d’un lectorat qui, bien qu’encore imaginaire (lui aussi), doit être envisagé. Le sujet qui n’écrit que pour lui-même, évince une étape essentielle, qui est la communication.

Écrire, c’est aussi communiquer. Voilà pourquoi l’auteur devra veiller, tout au long de son cheminement « rédactionnel », à maintenir l’attention du lecteur. Cette tâche est d’autant plus difficile, de nos jours, que le lecteur actuel est souvent exigeant et capricieux. (Pas tous heureusement). Habitué aux zappings, gavé de vidéos, toujours avide de nouveautés, impatient devant les temps morts… ce dernier aura une préférence pour les histoires dynamiques, avec actions, sensations et émotions fortes. L’auteur n’est pas, non plus, obligé de l’écouter et de se soumettre à ses attentes, qui ne sont toujours de bon goût. Mais quelques petites méthodes d’écriture peuvent avoir leur utilité.


Ces méthodes vont m’amener à vous transmettre quelques connaissances de mes (lointaines) études de Lettres modernes avec pour module, théâtre et cinéma.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’intrigue

Je ne vais l’apprendre à personne : un auteur ne doit jamais dévoiler l’intrigue de son roman. Mais il peut le faire maladroitement, ou tout simplement négliger cette considération.

D’abord, posons-nous la question : une intrigue est-elle toujours nécessaire dès qu’il s’agit de raconter une histoire ?

On peut croire que « oui » si l’on se fie aux modèles existants de littérature à travers les âges. On trouve des intrigues dans la mythologie antique, dans les œuvres d’Homère, chez Corneille ou Victor Hugo… Il ne s’agit donc pas d’un phénomène de mode.

Les polars se présentent, généralement, comme les romans les plus aptes à cultiver le mystère de l’intrigue, mais ils s’exposent aussi au risque de tomber sur une enquête bateau du genre : une jeune fille a disparu ; on découvre qu’on ignorait son passé et l’enquêteur qui soupçonne plusieurs membres de son entourage, commence, bien sûr, par faire fausse route. Très probablement, un des personnages s’appellera Anna et un autre Johnny. Même dans le choix des prénoms on peut friser la banalité ! Mais certains policiers prennent le contre-pied du schéma classique d’une intrigue qui consiste à deviner qui est le meurtrier. Cela ne veut pas dire, pour autant, qu’il n’existe plus d’intrigue. Celle-ci change, simplement, en obligeant le lecteur à se poser de nouvelles questions comme : « De quelle manière l’enquêteur va pouvoir piéger le meurtrier ? ; Va-t-il y avoir une justice ? », etc. Il est également possible d’envisager un changement d’intrigue en cours de récit. Par exemple, le lecteur découvre le visage de l’assassin au milieu de l’histoire et se demande ensuite s’il ne risque pas de récidiver…

On n’y pense pas toujours, mais l’humour peut également servir à construire une intrigue. Par exemple, l’auteur détaille des scènes qui annoncent une situation cocasse.

Une question énigmatique, telle la célèbre énigme que le Sphinx pose à Œdipe, une devinette, une charade ou encore un rébus peuvent également servir d’intrigue dans un récit.

L’intrigue est ce qui permet de retenir l’attention du lecteur. L’auteur esthète qui souhaite se passer d’une intrigue devra donc compenser en proposant soit des réflexions philosophiques, comme dans le conte philosophique, soit des connaissances qui proviennent d’un travail d’investigation ou de recherche dans un domaine particulier.

D’une manière ou d’une autre, l’auteur doit devancer le lecteur. Une histoire cousue de fil blanc et qui n’apprend rien ne va pas intéresser.
 
 
 
Mais comment retenir l’attention sur la longueur ?

Il suffit déjà de mesurer la difficulté que cela représente pour un discours oral. Combien d’hommes politiques (ou autres), qui se lancent dans de longs laïus, parviennent à capter l’attention de leur public ?

Lire un roman, revient à laisser la parole à un même individu pendant trois, quatre, cinq heures voire beaucoup plus parfois.

Écrire exige peut-être un talent, mais aussi un savoir-faire et des connaissances dans le domaine littéraire.

Le XXIe siècle est l’un des rares siècles de notre histoire à ne pas développer d’écoles de la littérature. Par « écoles », on évoque un genre littéraire, mais aussi un ensemble de savoirs né d’échanges et de réflexions que des auteurs aguerris transmettent aux jeunes générations. Nous avons perdu ce modèle de transmission, le livre devenant davantage un produit de la consommation qu’un bien culturel.

Faute de connaissances, bien des auteurs vont recourir à des évocations destinées à provoquer, à exciter ou à horrifier le lecteur. Mais une fois l’effet produit, que reste-t-il d’intéressant à raconter ?

Déjà, l’intrigue ne doit pas être considérée comme d’un seul tenant. L’auteur peut, dans un premier temps, éveiller la curiosité du lecteur par certains détails (indices), puis (dans un second temps) susciter une vive émotion et (dans un troisième temps) relater le début d’une action/intervention. On connaît cette expression : « la grande scène du deux ». Sous-entendu « du deuxième acte d’une pièce de théâtre », moment où les personnages devaient émouvoir le public. L’erreur, actuellement, serait de vouloir tout placer dans l’accroche, soit le début de l’histoire : l’émotion, le mystère et l’action (tant pis si ça fait trop lourd) et l’enjeu serait ensuite de maintenir le plus longtemps possible, au fil des pages, les effets de l’accroche. Au final, les artifices utilisés pour maintenir l’attention prennent le dessus sur l’histoire.

Il s’agit de voir, à présent, par quelles solutions il est possible d’éviter ces artifices.

 

 

 

 

Les axes d’une histoire

L’histoire se développe sur deux axes : l’axe syntagmatique, qui est horizontal et l’axe paradigmatique, qui est vertical.

Sur l’axe syntagmatique, on observe une histoire, telle qu’elle se déroule dans le temps, avec la linéarité des faits et des événements qui se suivent selon une chronologie.

Sur l’axe paradigmatique, il s’agit cette fois, d’une lecture verticale, qui tient compte notamment des signaux répétés, des symboles apparents et des mouvements qui rythment l’histoire.

Par exemple, l’histoire relate le cycle des quatre saisons. C’est l’axe syntagmatique. Dans ce récit, on rend compte à chaque fois de l’état d’un même arbre qui a tantôt des feuilles vertes, tantôt des fruits, ou ses feuilles jaunissent, ou il les perd. C’est l’axe paradigmatique.

L’exemple visuel que propose un film est sans doute plus éloquent. Prenons Les Oiseaux d’Hitchcock. Le scénario du film, tel qu’il se déroule correspond à l’axe syntagmatique. Concernant l’axe paradigmatique on a : les oiseaux sur les fils  électriques ; les fils électriques sans les oiseaux ; le moment où les oiseaux arrivent sur les fils ; le moment où ils quittent les fils pour attaquer, etc.

Parfois, l’axe syntagmatique s’avère totalement distinct du fil de la narration. Il est régulièrement fait allusion à un lieu, à un objet ou à un événement sans que le lecteur comprenne le sens de cette insertion dans l’histoire. Il le découvrira, évidemment, dans les dernières pages.

L’axe syntagmatique peut être encore la répétition d’une porte ou d’un volet qui claque ; de journées ou nuits orageuses, avec des éclairs qui traversent le ciel. En prenant en compte cet axe vertical, l’auteur peut ainsi accentuer un suspense et créer une atmosphère.

 

 

 

Les histoires à multiples subjectivités

Dans la littérature romanesque, le point de vue est traditionnellement celui d’un unique personnage, le personnage principal. Mais il est également possible de transmettre tour à tour, les points de vue de plusieurs protagonistes. De cette manière, la même histoire est perçue sous plusieurs angles, mais ces différents points de vue ne doivent pas empêcher l’histoire d’évoluer.


Les flash-backs et déplacements dans le temps

Les  flash-backs ou retours en arrière ont été tellement exploités dans la littérature ou le cinéma, qu’ils cessent de surprendre. Mais ils peuvent garder une certaine utilité pour maintenir l’intrigue. De même une dynamique de l’histoire peut être maintenue du fait de divers sauts dans le temps à différentes époques. L’auteur devra toutefois veiller à ne pas trop donner le tournis au lecteur.


Les histoires à tiroirs

On parle de romans à tiroirs lorsqu’une histoire secondaire se trouve enchâssée dans l’histoire principale (le récit cadre). Plusieurs histoires peuvent être enchâssées l’une dans l’autre, mais le risque est alors, pour l’auteur, de perdre ses lecteurs dans les méandres de la construction du récit. L’intérêt du roman à tiroir est que le lecteur peut être amené à accorder une fausse importance à un récit secondaire ou, au contraire, à négliger son importance en ne remarquant pas son lien avec le récit-cadre.

 

La mise en abyme

Une mise en abyme est une histoire qui apparaît comme le reflet d’une autre histoire. La mise en abyme la plus classique est évidemment celle d’un roman dans lequel le personnage est un romancier qui écrit un roman. Mais il existe d’autres formes de mises en abyme qui permettent d’alimenter l’intrigue narrative. Par exemple, un personnage fait un rêve qui s’avère prémonitoire : le personnage revit, dans la réalité, ce qu’il a rêvé.

 

 

La mise en abyme peut servir, dans certains cas, à susciter un effet de vraisemblance. Le récit est à la première personne du singulier. Le narrateur écrit un livre et il est le témoin d’une histoire hors du commun. Le lecteur est ainsi amené à s’interroger : le témoignage du narrateur n’est-il pas aussi celui de l’auteur ? L’histoire est-elle réellement fictive ?

L’effet de vraisemblance, il va de soi, peut aiguiser la curiosité du lecteur (à condition bien sûr que l’histoire ait un vrai intérêt et aussi que le lecteur soit assez curieux !), mais quelles méthodes employer pour accentuer un effet de vrai, aux point de laisser le lecteur dubitatif ?

Bien des écrivains n’ont pas attendu notre époque pour se poser la question. Les courants du réalisme et du naturalisme ont été, au XIXe siècle, des réponses qui ont été trouvées à ce genre de question.


Le réalisme et le naturalisme

Pour créer au mieux un effet de réel, l’auteur pourrait se croire obligé de faire abstraction de ses ressentis lorsqu’il présente et détaille le cadre et les faits qui illustrent son récit, afin d’être le plus objectif possible. C’est l’erreur qu’il doit à tout prix éviter, selon l’éthique développée par le mouvement « réaliste ». L’effet de vraisemblance, au contraire, ne peut transparaître qu’à travers la subjectivité du personnage, et tant pis s’il déforme la réalité. Cette subjectivité peut être par ailleurs douteuse, ou tourmentée par des contradictions.

La naissance du réseau ferroviaire avec l’apparition des premiers trains vapeur a fait naître, dans la population, un certain nombre de psychoses. On croyait, par exemple, que le seul fait de voir des trains passer, pouvait rendre fou en raison de leur vitesse (estimée considérable à l’époque). Dans La Bête Humaine, Émile Zola exploite le filon pour ainsi dire. Son personnage qui voit passer un train sous ses yeux, aperçoit une scène de crime par la fenêtre d’un wagon. Alors, fou ou pas fou ?

Évidemment, pour nous qui avons été habitués à voir filer des TGV sans craindre pour notre psychisme, mais aussi sans aucune opportunité possible d’y apercevoir une scène de crime, l’effet de vraisemblance n’agit plus. Mais ce n’était pas le cas au XIXe siècle.

Pour obtenir un effet de vraisemblance, l’auteur doit donc donner naissance à des personnages sensibles qui aiment ou haïssent, souffrent ou exultent. Le protagoniste arrive dans un nouveau lieu : il est impressionné. Il vit un événement rare ou imprévu : il est bouleversé, etc.

Au XIXe siècle, les livres ont encore un rôle politique (au sens large du terme). L’auteur se sert de la fiction pour dénoncer des injustices et des abus de pouvoir. Le réalisme va devenir, en cela, un outil d’expression.

Le personnage détaille la réalité brutale et crue, telle qu’elle se révèle à ses yeux. La dimension subjective est précisément ce qui distingue le « réalisme » du « romantisme ». Le personnage, à travers ses descriptions, donne une impression d’objectivité, mais il s’agit d’une fausse objectivité, puisqu’elle émane d’un ressenti propre à son témoignage.

Un autre courant vient s’ajouter  : « le naturalisme ». Cette fois, l’auteur se transforme en un journaliste enquêteur. Il effectue un travail d’investigation précis dans un milieu déterminé, ceci pour les besoins de la narration qui, non seulement décrit des scènes, mais détaille des modes de vie conformes à une réalité contemporaine. L’effet de vraisemblance est alors entretenu par le mélange entre écriture romanesque et écriture journalistique. Le lecteur ne parvient plus à distinguer ce qui est proprement informatif de ce qui est fictif.
 
 
 
Les descriptions bien renseignées de certains récits peuvent apparaître comme des preuves que l’auteur « n’invente pas » et se réfère à des personnages qui ont réellement existé. Daniel Defoe, écrivain anglais du XVIIe siècle, connu surtout pour être l’auteur de Robinson Crusoé, dupe son public de cette façon : il fournit des détails géographiques, chronologiques, techniques… et en fin de compte de telles précisions, pour ses lecteurs, que Robinson Crusoé devient un personnage non plus fictif, mais historique. Il est vrai, par ailleurs, que l’auteur s’est inspiré des aventures d’Alexandre Selkirk : tout n’est donc pas fictif. Mais la personnalité qui deviendra mondialement célèbre sera celle de Robinson Crusoé, le héros d’une fiction, au détriment du vrai aventurier.   

En guise d’exemple, le premier paragraphe de Robinson Crusoé dont les présentations sont pour le moins perturbantes par leurs précisions :

« En 1632, je naquis à York, d’une bonne famille, mais qui n’était point de ce pays. Mon père, originaire de Brême, établi premièrement à Hull, après avoir acquis de l’aisance et s’être retiré du commerce, était venu résider à York, où il s’était allié, par ma mère, à la famille Robinson, une des meilleures de la province. C’est à cette alliance que je devais mon double nom de Robinson-Kreutznaer ; mais, aujourd’hui, par une corruption de mots assez commune en Angleterre, nous nous nommons et signons Crusoé. C’est ainsi que mes compagnons m’ont toujours appelé. »

Avec son autre roman Moll Flanders, Daniel Defoe applique la même méthode. Moll Flanders, sorte d’héroïne rebelle, commet des vols. La description de ses butins est d’une telle précision que l’on peut presque s’étonner que ça ne se réfère pas à des objets qui ont été réellement tenus dans une main.

 



Le récit engagé : le coup de gueule et l’imaginaire en un livre


Comme cela a été souligné précédemment, la littérature, jusqu’au XXe siècle avait très souvent une fonction politique, notamment en dénonçant les abus et les injustices d’une époque, quand ça n’était pas les mœurs d’une population. Le récit engagé ne représentait donc pas un genre à part, puisqu’il était une norme littéraire.

Aujourd’hui, il vient très peu souvent à l’esprit que le mode imaginaire peut également servir à défendre des idées. Nous pouvons pourtant, à ce sujet, retenir cette parole d’Einstein : « L’imagination est plus importante que le savoir. »

Cette dichotomie actuelle entre une fiction qui ne s’appuie sur aucune réalité sociale et les écrits d’un essai qui s’en tient à des informations authentiques, mais parfois rébarbatives, risque finalement d’appauvrir les deux genres.

Le texte pamphlétaire peut avoir pour inconvénient, quant à lui, de paraître trop agressif.

Il peut donc y avoir une certaine habileté, de la part de l’auteur qui souhaite exprimer son coup de gueule, de se servir des atouts de la fiction pour mieux faire avaler la pilule, le genre fictif lui permettant aussi de se protéger contre d’éventuelles attaques. Il reste que  la fiction, de nos jours, n’est souvent rien de plus qu’un moyen pour se distraire et s’évader. Il n’est donc pas certain, non plus, que le message puisse mieux passer par ce biais.
 
 


Changer le monde avec Malraux

S’il existe un auteur qui a cru au pouvoir de l’art et de l’écriture, c’est bien André Malraux, qui fut aussi ministre de la culture sous De Gaulle. Ses écrits sur le sujet, très théoriques et aussi alambiqués qu’exaltés ont pourtant de quoi décourager le lecteur téméraire qui s’efforcerait… de le lire ? disons plutôt de le décrypter. Mais lors de mes études à Nanterre, j’ai eu la chance de pouvoir connaître les pensées de Malraux à travers un proche qui l’avait connu et avait monté avec lui « ses » Maisons de la culture. Cet ami et confident avait été invité par notre professeur pour nous parler de Malraux durant un cours. Ce que je transmets ici, c’est donc ce qu’André Malraux a transmis à l’invité de notre TD.

Je vais aussi essayer de faire simple, car les réflexions de ce théoricien de l’art s’avèrent particulièrement creusées.

Partons d’une de ses citations : « L’art est un anti-destin » mystérieuse, comme le reste de ses discours théoriques (la plupart, du moins).

Qu’est-ce qu’il entend par là ?

Tout d’abord, André Malraux a constaté que l’art a un pouvoir de communion.

Pour expliquer son constat, commençons  par un exemple ordinaire :

Plusieurs personnes de différents bords politiques sont installées autour d’une table. Vous rejoignez les attablés et commencez par lancer quelques sujets de société, sur un thème du genre : le réchauffement climatique, les grèves, les migrants ou mieux encore, les Roms installés en France ou les musulmans sans papier. Si les discussions se poursuivent, à moins que quelqu’un les interrompe en déclarant un truc du style : « Au fait, il est chouette ton pull ! Il est neuf ? Tu l’as acheté où ? » Il ne sera pas nécessaire d’attendre une heure pour constater que les discussions virent au pugilat verbal, avec forcément des paroles vives et agressives entre les convives qui mettront un terme (définitif ?) à la (fausse) bonne entente !  

C’est donc le genre d’expérience que je déconseille vivement un soir de réveillon.
 
 
 
Mais ensuite vous changez de technique. Vous reprenez les mêmes sujets sensibles, mais à travers une ou plusieurs histoires comprenant des adjuvants (personnes qui aident le sujet dans sa quête) et des opposants (personnes qui font obstacle au projet). Parmi les adjuvants, on a des personnages héroïques et parmi les opposants, d’ignobles monstres immoraux. Enfin, on trouve aussi des victimes innocentes. Vous présentez l’histoire aux mêmes personnes de différents bords politiques. Si vous êtes parvenu(e) à bien écrire votre récit, tout le monde (en principe) se sentira touché par la détresse des victimes, aura de l’admiration pour l’acte héroïque ou sera horrifié par le comportement immoral. Donc, plus de discorde. C’est en cela que Malraux rend compte d’un pouvoir de communion dans le monde de l’art.

Ce constat établi, l’écrivain théoricien en déduit que l’art dispose d’un pouvoir d’influence et propose une solution pour utiliser cette influence.

Laquelle ?

À partir d’une formule. La voici. L’auteur (ou scénariste) à travers son récit, doit lui-même opérer un changement dans la destinée de ses personnages, mais ceci d’une manière méthodique.

Tout d’abord, en se basant sur le contexte social réel, l’auteur procède à une sélection : il choisit un individu qu’il considère comme victime de la société, puis repère la personne qui pourrait correspondre à son « bourreau » (au sens propre ou figuré du terme). Enfin, il tente de voir quelle est la personnalité que la société protège et adule comme un « héros ».
 
Ces individus définis, l’auteur va devoir procéder aux changements suivants dans le cadre de la narration : la victime réelle devient le héros de son histoire. Le héros, lui, prend la place de l’opposant (le bourreau), quant à l’opposant réel, il prend la place de la victime. Ainsi, peut naître une histoire qui contribue au changement des destinées.

C’est l’explication à la phrase : « L’Art est un anti-destin. »


La catharsis grecque

Sans nul doute, André Malraux a été lui-même influencé par le modèle grec et, notamment, sa manière d’envisager l’art théâtral comme une « catharsis », autrement dit, un moyen de « purger (ou purifier) les passions ».

Pour les philosophes et artistes grecs de l’Antiquité, à l’origine des problèmes de civilisation, il n’existe qu’un seul mal, ce sont les mauvaises passions. Si les mauvaises passions se développent dans la population, c’est parce que des individus souffrent de carences éducatives et ont été trompés par des discours ou des artifices, de sorte qu’ils en viennent à ignorer leurs propres désirs.

Mais l’art théâtral vient au secours des mauvaises passions en démontrant que l’accomplissement d’un désir ignoré a des conséquences et évidemment… ça tourne mal, très mal même. Ainsi le spectateur commence par vouloir ressembler au héros (joué sur scène) qui a les mêmes désirs que lui, mais plus le personnage réalise ses désirs, plus il s’empêtre et se compromet… jusqu’au dénouement fatal, celui d’une tragédie.

La leçon de morale est claire : voilà ce qui arrive si les lois de la cité laissent les individus donner libre cours à de mauvaises passions. Leur vie deviendra une tragédie. De quoi obliger le spectateur à quelques remises en cause.



S’interroger sur les limites

Les différentes conceptions de la littérature à travers les époques de l’histoire, qui ouvrent le champ des possibilités pour un auteur, doivent aussi inciter l’écrivain romancier à se demander jusqu’où il est en mesure de pousser les limites de son imaginaire. Ce genre de réflexion peut alors l’amener à envisager une suite inattendue à son récit.

Quelles sont les limites qu’il donne à l’espace ? Au temps ? À ses personnages ?

L’espace – Où se passe l’histoire ? Dans une ville, un village ? Le lieu peut être encore plus exigu : une maison, une pièce, un cagibi… et pourquoi pas la poche d’un utérus ? Ou beaucoup plus vaste :  un pays, un continent, la planète, l’espace intersidéral… et pourquoi pas aussi le monde de l’Au-delà ?

L’espace est-il figé ou mobile ? Est-il banal ou original ? Est-il habité ou désert ? Est-il accueillant ou hostile ?

Le temps – À quels moments se déroule l’action ? Elle peut avoir lieu des siècles ou des millénaires avant, ou après notre époque, et pourquoi pas les deux ? Mais le narrateur peut aussi vouloir nous expliquer ce qu’il a fait la minute d’avant.

Comment s’écoule le temps ? Les événements peuvent se produire en accéléré, ou au ralenti. Et pourquoi un temps qui se fige, comme dans le conte de la Belle aux Bois dormants ?

Quels sont les personnages ?  – Sont-ils réels ou fictifs ? Sont-ils célèbres ou connus de personne ? Sont-ils bons, mauvais, ou encore à double personnalités ? Ont-ils des dons ou des tares ? Sont-ils beaux ou laids ?  Viennent-ils de l’étranger, d’un monde moderne ou sauvage, ou encore d’une autre planète, comme le Petit Prince ? Dans quel milieu social ils évoluent ? Quel est leur tenue, le soin qu’il donne à leur apparence ? Sont-il nombreux ou n’y a-t-il qu’un personnage isolé ?

Etc.

Il est important, pour l’auteur, de savoir s’affranchir de certaines barrières (éducatives ? psychologiques ?) L’écriture offre une liberté incomparable ; face à une page blanche, il est possible de tout inventer et de tout dire (du moins, presque tout) :  il faut en profiter !
 
 


L’explicit et le point final

Un écrivain interviewé sur une radio a eu une remarque que je trouve intéressante : « L'auteur ne sait jamais à l’avance quelle sera la fin de son roman. »  

Cette remarque est déjà significative du rôle de l’imaginaire au cours de la phase d’écriture. Ce n’est pas parce qu’il écrit que le romancier ne continue pas à imaginer et… c’est l’imagination qui guide l’écrivain, plutôt que le contraire.

Ensuite, c’est une logique attendue. Si l’écrivain connaît dès les premières pages, l’achèvement de son histoire, alors ne doit-il pas s’attendre à ce que le lecteur le devine également ?

Autrement dit, plus l’auteur se laisse surprendre par l’idée d’un dénouement et plus cela pourra être le cas du lecteur.

J’avais prétendu, dans un article précédent, que les fins de romans, beaucoup moins importantes sur le plan commercial que l’accroche du premier chapitre, ont tendance à être bâclées… mais ce n’est pas toujours le cas. Des éditeurs restent très attentifs à la manière dont l’histoire s’achève et vont vouloir également jeter un œil sur la fin (après la lecture du premier chapitre). Et pour cause : il y a souvent nécessité d’aller jusqu’au bout pour savoir si l’histoire tient. C’est aussi avec la fin que peut se révéler le vrai sens de l’histoire.

Si la première phrase d’un livre s’appelle « l’incipit », la dernière se nomme : « l’explicit ». Un terme en soi révélateur, n’est-ce pas ? Cela ne sous-entend-il pas que le fin fond de l’histoire peut être uniquement révélé à la dernière ligne ?

Outre la question de l’espace laissé, en fin d’histoire, au dévoilement de l’intrigue, il est encore possible pour l’auteur de s’interroger sur les différentes dénouements envisageables afin d’éviter la redoutable fin en queue de poisson.


Voici un inventaire des différentes options possibles :

Fin en boucle, qui ramène le lecteur au début de l’histoire.
Une évolution incertaine : on ne sait pas si le personnage atteint son but ou pas, certains détails le laissant croire et d’autres non.
Un retournement de situation de dernière minute, par la mort (inattendue) d’un personnage, un incendie, une explosion, une tempête, la disparition d’un objet essentiel…
Un happy end ou au contraire, une chute.
Une révélation aux autres personnages ou au contraire l’enfouissement (définitif) d’une vérité essentielle. (Seul le lecteur sait, ou le lecteur et un des personnages.)
Un effet papillon : l’événement entraîne une réaction en chaîne, qui génère des conséquences (positives ou négatives) dans un autre domaine (ou secteur), ou chez  d’autres personnes… voire sur l’échelle sociale ou planétaire.

 

 

 

 

 


Commentaires

 

1. Anaflore  le 08-12-2022 à 07:15:13  (site)

Bravo pour la photo du jour

 
 
 
posté le 29-11-2022 à 20:14:01

LES PREMIÈRES PAGES

Les premières pages

 

 



L’accroche

Elle est devenue très importante. On appelle « accroche », le début d’un texte, généralement un roman, qui a pour particularité de retenir l’attention du lecteur.

À l’origine, l’accroche correspondait à la première phrase, soit l’incipit, voire au premier paragraphe. Aujourd’hui, elle équivaut souvent au premier chapitre.

À titre perso, je dirais qu’il existe cinq accroches pour un livre : le début du texte, le titre, la couverture, le synopsis et les avis des lecteurs. On peut compter une sixième accroche avec le résumé du livre, une éventuelle septième accroche avec le nom de l’auteur, s’il est déjà connu.

Chez un éditeur, de bonnes accroches concernant le premier chapitre, le synopsis, voire le titre et le résumé, ainsi que la réputation de l’auteur, sont ce qui retient l’attention. Elles constituent la clef de la réussite commerciale.

Autant dire, le monde de l’édition accorde une telle importance à ce qui retient l’attention du lecteur, et donc du potentiel acheteur – n’oublions pas que le livre est devenu avant tout un produit commercial – que la valeur d’un écrit, actuellement, ne se base pratiquement plus que sur ses accroches.

Même si certains éditeurs savent encore faire la différence entre vendre un livre et vendre (par exemple) des croquettes pour chiens, ce n’est pas le cas de beaucoup d’autres, qui n’hésitent pas à parier sur le sensationnel et aussi le mauvais goût, pour attirer le plus possible de lecteurs acheteurs.

D’autre part, des auteurs qui ont bien compris l’importance de l’accroche vont avoir tendance à surajouter des détails qui choquent ou horrifient sans prendre conscience qu’il y a là aussi le risque de faire fuir le lecteur en en faisant trop.

 

 

 

On assiste ainsi, à notre époque, à un déferlement de romans avec un début très accrocheur et une fin… qui s’affaisse comme le soufflé. Pourquoi ? Parce que l’histoire laisse croire à un fond, qui n’existe pas tout simplement, étant donné que le récit ne résulte d’aucun sujet de réflexion préalable. Le pire : ces romans pourront malgré tout obtenir une ribambelle de super compliments et étoiles jaunes, d’une part parce que les commentateurs n’attendent pas tous la fin de l’histoire pour donner leur avis et d’autre part parce que certains lecteurs basent leurs jugements sur le nombre de pages qui leur a plu ; donc s’ils ont aimé 225 pages sur 250, ils ne vont pas se plaindre en chipotant sur les dernières pages mal écrites.

Mais ces livres bâtis sur des critères commerciaux vont avoir néanmoins tendance à briser la confiance d’un certain nombre de lecteurs. Bien des auteurs négligent le fait qu’une lecture s’établit sur un rapport de confiance lecteur / auteur. Si le lecteur s’aperçoit qu’on a abusé de sa confiance, il deviendra évidemment plus méfiant envers les livres suivants qui sont de même acabit ou de même provenance. C’est aussi pourquoi de plus en plus de lecteurs se détournent des modèles de littérature des grandes maisons d’édition, pour rechercher  des récits et témoignages plus authentiques chez des petits éditeurs, voire chez des auteurs informels publiés à compte d’auteur ou en auto-édition.

Ce rejet du livre commercial est aussi, à mon avis, ce qui explique l’important engouement pour la littérature proustienne qui s’impose actuellement, l’anniversaire des 100 ans de la mort de Proust n’étant sans doute pas non plus étrangère à cette vague de popularité. C’est néanmoins étonnant car la littérature de Proust est pratiquement l’antithèse de la littérature commerciale, mais comme dans l’agro-alimentaire où l’on trouve des consommateurs qui veulent manger bio, il existe dans le monde de l’édition, des lecteurs amateurs d’authenticité.

L’ironie du sort est que c’est à Proust que nous devons la plus célèbre des accroches de toute la littérature française avec l’incipit : « Longtemps, je me suis couché de bonne heure. »

Au final, pour l’auteur, il reste un choix entre se laisser séduire par les sirènes de la réussite commerciale et privilégier le fond et la qualité de l’histoire.

En ce qui concerne, plus précisément, l’accroche, à mon avis elle est surtout réussie quand on ne la remarque pas.



La longueur du texte

Il est préférable, pour l’auteur, de s’interroger dès le départ sur la longueur d’un texte. Certains a ont du mal à faire long ; d’autres à faire court (ça, c’est plutôt moi). Dans le monde de l’édition, il existe des limites qui sont recommandées.

Pour un roman : entre 300 000 et 600 000 caractères. (Ce qui sous-entend « caractères avec espaces comprises*. »)

Le lecteur amateur de roman long souhaite généralement avoir un livre sous le coude qui lui permette pendant un certain temps de remplir ses heures creuses où parfois l’ennui peut s’installer. Il y a aussi des lecteurs qui ont l’habitude de lire chaque soir, au lit, avant de s’endormir. Dans ce cas, le livre doit avoir assez de contenu pour provoquer le besoin de poursuivre l’histoire, le lecteur ayant à rouvrir plusieurs fois les pages du livre qu’il a dû aussi refermer par moments. Le suspense joue également, dans ce cas, un rôle capital.

*Dans le vocabulaire de la typographie, le mot « espace » est féminin.

Mais, comme on l’a vu précédemment, il existe des lecteurs amateurs d’histoires courtes. J’ai oublié de préciser : d’histoires courtes individuelles et non pas le recueil de nouvelles. L’intention de ces lecteurs est, on doit le comprendre, d’acheter une petite histoire, attrayante en apparence, pas chère, et qui peut se lire le temps d’un trajet en train, par exemple.

Comme je l’ai précédemment expliqué, un rapport de confiance doit s’établir entre le lecteur et l’auteur. Quand une histoire est courte, il y a aussi moins de risque, pour le lecteur de se tromper dans son achat.  

Pour répondre à cette demande, un nouveau genre romanesque est apparu : La novella. Sa spécificité est dans sa longueur, puisqu’elle est plus longue que la nouvelle (minimum : 80 000 caractères) et plus courte que le roman (maximum : 200 000 caractères.)

Par rapport à la longueur de la novella, va alors se poser un détail d’ordre technique. Si le livre n’est pas épais, il est possible qu’il n’ait pas de dos, ce qui par ailleurs peut être intéressant pour faire une économie au niveau de l’impression, mais l’ouvrage bien sûr, change d’aspect, pouvant ressembler davantage à un fascicule qu’à un livre.  

Après avoir étudié, dans les romans, le modèle long et le court, on peut alors s’apercevoir qu’il existe un écueil entre ces deux modèles. Qu’en est-il du roman qui fait plus de 200 000 caractères et moins de 300 000 ? C’est disons-le, une longueur peu recommandée et à éviter.

Cette longueur peut néanmoins correspondre à d’autres catégories de livres comme le témoignage, le récit de voyage, l’essai.

Concernant l’essai, qui éveille la crainte d’être rébarbatif sur la longueur, il est préférable de se limiter à de petites longueurs (90 000 à 350 000 caractères) principalement quand l’essai impose une lecture linéaire (du premier au dernier chapitre) et non pas basée sur un index.

Bien sûr, je me contente pour ma part juste de signaler l’existence de ces normes, mais libre à tout auteur de ne pas écouter la doxa du monde de l’édition et d’écrire sans se laisser entraver par des impératifs de longueur de texte.

Pour connaître le nombre de caractères de son texte, voir le petit onglet en bas de page et le faire défiler comme le montre l’image ci-dessous où j’obtiens un triple palindrome avec mon dernier livre FILS DE. Évidemment, ce n’est pas un effet recherché mais juste une coïncidence hallucinante !

(cliquer sur l'image)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les chapitres

Un lecteur attaque plus facilement un nouveau chapitre quand il est court. Dans le monde de l’édition, on préfère donc des chapitres mal coupés mais courts, soit d’environ 5 pages (max. 10 000 caractères).  


 


Les règles typographiques  

La phase de correction d’un livre est une étape si essentielle et si lourde en contraintes qu’il est préférable d’adopter, dès le premier jet d’écriture, de bons réflexes au sujet de règles typographiques et orthographiques.

Contentons-nous, ici, d’évoquer les points essentiels.

Et puisque l’on parle de points, il est déjà important de respecter les règles de la ponctuation, soit :

Pour le point (.) les points de suspension (…) et la virgule (,) pas d’espace avant et une espace après.

Mais pour la virgule des décimaux, pas d’espace ni avant, ni après.

Pour les deux points (:)  le point-virgule (;) les points d’exclamation (!) et d’interrogation (?) les guillemets (« »)  et les tirets ( – –)  une espace avant et une espace après.

Au sujet des parenthèses et crochets, il y a toujours une espace avant le signe ouvrant (mais pas après) et une espace après le signe fermant (mais pas avant).

Pour l’apostrophe (’) et la barre oblique (/) pas d’espace ni avant ni après.

Quant à l’astérisque (*) il est toujours collé au mot qu’il désigne et donc séparé des autres mots par une espace.

Par ailleurs, en règle générale, pas de virgule avec la conjonction « et » et pas de point de suspension après etc, pour éviter la redondance.


Ponctuation et parenthèses

La ponctuation se fait à l’intérieur d’une parenthèse pour une phrase complète et à l’extérieur pour une phrase incomplète.

Ex : Je vais au café à midi (en espérant que tu viendras).
       Je vais au café à midi. (J’espère que tu viendras.)
       Je vais au café à midi (viendras-tu ?) et je repars à 14 heures.


Dans une phrase incomplète entre parenthèse qui se termine par un point d’interrogation, ou d’exclamation, il est possible de rajouter une ponctuation.

Ex : Je vais au café pour te retrouver à midi si ça t’arrange. (Veux-tu plus tard ?)
       Je vais au café pour te retrouver à midi si ça t’arrange (ou plus  tard ?).
      Je vais au café pour te retrouver à midi si ça t’arrange (ou plus  tard ?), c’est comme tu veux.
       Je vais au café à midi. ( Viens !)


Jamais de virgule ou point-virgule avant la parenthèse ouvrante.
      

 


Les dialogues

Les règles modernes de typographie ont fait disparaître les guillemets des dialogues. C’est un peu dommage car ils avaient une utilité pour clarifier les discussions.

Du coup, il n’est pas rare de tomber sur des échanges verbaux qui embrouillent le lecteur, surtout si les personnages sont nombreux à discuter entre eux.

Pour éviter les répétitions des noms des interlocuteurs, il s’avère nécessaire de recourir à des métaphores ou périphrases : l’aîné, le cadet, le vieux, le jeune, le grand à la casquette, la vieille rombière, la jolie princesse…

Le retour à la ligne s’impose pour chaque nouvel interlocuteur.

Chaque discours direct est introduit par un tiret qui, selon sa taille, s’appelle le cadratin (—) ou demi-cadratin (–).

Longtemps, la règle d’usage a été l’utilisation du demi-cadratin (sur Mac : appuyer en même temps sur les touches Maj et Option + touche des tirets.) Mais les cadratins en début de dialogues apparaissent de plus en plus souvent. (sur Mac : option + touche des tirets).*

*Sur Intel, cadratin : crtl + touche du 8. Demi-cadratin : crtl + touche du 6

 

. (Se renseigner pour les autres PC).

 


 
 
 

Les règles de présentation d’une page

Chaque paragraphe doit commencer avec un alinéa, que l’auteur devra régler lui-même (sur 0,5), pour qu’il ne soit ni trop grand, ni trop petit. La touche automatique du clavier a pour défaut de faire des alinéas trop grands par rapport au standard de l’édition.
Les interlignes peuvent être de 1 ou 1,1. Ne pas sauter de ligne après un paragraphe. Des espacements ou sauts de ligne pourront être ajoutés ultérieurement, pour séquencer le texte.
Les polices conseillées sont New Roman, pour un roman et Arial pour les autres textes. Le corps du texte est toujours en 12.

 

 

 

 

Quelques règles d’usage

– Tous les mots étrangers peu usités dans notre langue doivent être mis en italique. Il en est de même pour les titres de livres ou de films.

– En règle générale, les vingt premiers chiffres sont écrits en lettres (un, deux, trois…) et les grands nombres ou nombres décimaux avec des chiffres (123 800 habitants ; 3,4 %). Mais on privilégie l’écriture en lettres dans les romans et l’écriture en chiffres dans les ouvrages scientifiques.

– Ne jamais commencer une phrase avec un chiffre, quel qu’il soit : il devra être écrit en toutes lettres.

– Lorsque les chiffres dépassent les mille, pas d’espace jusqu’à 9999, mais une espace au-delà (10 000).

– Sauf pour les pièces de théâtre, écrire monsieur, madame… en toutes lettres avec une majuscule seulement lorsque l’on s’adresse directement à la personne concernée.
Erreur classique, l’abréviation de monsieur est M. (avec un point et non Mr).

– Différents choix sont souvent possibles au sujet de l’usage de majuscules ou de l’écriture. Auquel cas, l’auteur doit vérifier qu’il applique les mêmes règles sur tout le texte.

 

 

 

 

Quel style ?

Opter pour l’équilibre, avec la règle du « ni trop, ni trop peu »…
– Enrichir son texte avec du vocabulaire, mais pas trop pour qu’il ne paraisse pas ampoulé.
– Si le style est trop précieux, tout un public de lecteur risque de ne pas se reconnaître dans l’histoire, mais un vocabulaire argotique peut également déplaire, surtout s’il est constitué de mots grossiers.
– Éviter les longues descriptions, et les détails inutiles du genre : « Il sort de sa maison, ferme la porte à clef et met la clef dans sa poche ». Mais attention, si le style est concis, que le lecteur puisse comprendre l’histoire.
– Les dialogues actuels ont tendance à éluder les formalités d’usage. Par exemple, les   personnages ne se disent pas toujours « bonjour ». On passe le moment de la rencontre pour évoquer directement le vif du sujet.
– Un texte semblera souvent plus dynamique s’il alterne la description, l’action et les dialogues, avec encore une possibilité de passer du discours direct au discours indirect.

 

 

 

 

 

Les personnages


– L’auteur doit parvenir à leur donner une épaisseur psychologique. Les rendre chacun unique, avec leurs propres caractéristiques physiques, leur propre personnalité et leur propre vocabulaire.
– Ils vont avoir un nom. Ne pas négliger le fait que le nom (ou prénom) peut donner des indications sur un âge, un milieu, une origine.

Dans les milieux de la production cinématographique, sont privilégiés les scénarios qui présentent des personnages de différents âges et de différentes conditions sociales, afin que tous les spectateurs puissent s’identifier à l’histoire. No comment.

 

 

 

 Les lieux

 

Éviter les endroits clichés connus uniquement à partir de séries télé. L'auteur doit  privilégier des lieux qu'il connaît, dotés d'une atmosphère et de spécificités dont il saura tirer profit. Il ne doit pas perdre de vue, non plus, qu'il pourra vendre plus facilement un livre qui parle de la région dans laquelle il se trouve pour la vente. Il existe, en effet, un public important de lecteurs demandeurs de littérature locale. 

 

 

 

 

 

 


Commentaires

 

1. gegedu28  le 04-12-2022 à 12:05:26  (site)

Bonjour Emmanuelle,
C'est Gégédu28,
Et bien avec tous ces conseils je ne dois pas me rater pour mon prochain ouvrage, LOL.
Je suis passé rapidement sur tes deux articles, mais je vais les relire attentivement.
Au plaisir de te relire.
Gégé.

2. ECRIREUNLIVRE  le 07-12-2022 à 15:40:02  (site)

Bonjour Gégédu28,

Mais oui, je me souviens... On s'était vus à Berd'huis, il y a... déjà longtemps de cela ! Donc peut-être l'espoir d'une réapparition dans un futur salon du livre eurélien ? :-)

 
 
 
posté le 28-11-2022 à 19:03:06

BIENVENUE sur mon Blog ÉCRIRE UN LIVRE

BIENVENUE sur mon Blog ÉCRIRE UN LIVRE
             
                                                                         par Emmanuelle Grün, auteure, romancière
 

 


Ici un panel de petites infos et astuces pour ceux/celles qui se lancent dans l’écriture d’un livre ainsi que des indications pour s’initier à l’écriture d'un scénario, dans le but d’aider des auteurs qui s’aventurent pour la première fois sur le chemin de l’édition ou qui souhaitent évoluer.


 
Quelles sont les règles typographiques quand on écrit un livre ? Quels conseils pour l’écriture ? Comment être aidé pour l’orthographe et la correction de son texte sans avoir à payer ? Quels sont moyens les plus simples et les plus économiques pour faire connaître un livre et le vendre ? 

Quels sont les avantages et inconvénients de l’auto-édition (AE) ? l’édition à compte d’auteur (CE) ? L’édition à compte d’éditeur (CE) ? 
 
Comment concevoir la couverture ? La mise en page ?

Qu’est-ce que la distribution et la diffusion ?  

Vous voulez transformer votre roman en scénario : qu’est-ce qu’il faut savoir ?  

Etc.

Bien sûr, les échanges d’expériences avec des auteurs et autres connaisseurs (en rapport ou non avec l’activité d’écrire) sont les bienvenus ! 

Les questions également.  




Si vous souhaitez connaître mon expérience, je n’irai pas, ici, m’étaler sur le sujet et vous invite à vous rendre sur la page  de  mon site :  https://emmanuellegrunlivres-11.webselfsite.net

D’autre part, au fil des informations et conseils, je serai de toute façon amenée à vous parler, par bribes, de mes formations et expériences.

 

Les avis et conseils mis sur ce blog sont aussi ceux recueillis par mes amis et collègues auteurs. 


 

 
 

Commençons par la page blanche


 
 
Quel sujet choisir ?

Ah… la fameuse angoisse de la page blanche !
 
Même si chaque auteur a ses techniques d'écriture et des motivations qui lui sont propres, il reste quelques écueils à éviter.
 
Erreur n°1 : s’efforcer de plaire à ses lecteurs. L’auteur doit d’abord penser à des thèmes qui lui sont importants ou précieux. Impossible de convaincre les autres s’il n’est pas lui-même (ou elle-même) convaincu(e).

Erreur n°2 : se précipiter. Une fois engagé(e) dans un projet d’écriture, l’auteur va s’apercevoir qu’il existe un décalage important entre l’idée d’origine et celle qui se développe au fil des pages noircies. Un projet d’écriture pas assez réfléchi au départ risque d’évoluer dans le mauvais sens. Première éventualité : une fois passés les premiers chapitres, l’auteur n’a plus rien à raconter. Son réflexe pourrait bien être, dans ce cas, de recourir à un chapelet de nouvelles idées pour faire du remplissage, or à la lecture, ça se remarque ! Seconde éventualité : le sujet, trop complexe, oblige à donner un nombre incalculable de détails, si bien que l’histoire peine à démarrer. Dans un cas comme dans l’autre, le retour en arrière s’avère difficile. Ne pas négliger que se lancer dans un projet d’écriture, c’est s’engager sur une longue période qui va de quelques mois à quelques années.

L’auteur a besoin de temps. Son sujet doit être assez longuement « ruminé » pour révéler une originalité. Une idée a aussi besoin de temps pour arriver à maturité. Ne pas supposer que l’auteur obtient une parfaite maîtrise de son imaginaire. Il doit se sentir inspiré et guidé par ses pensées. Rien de pire qu’un sujet qui laisse indifférent, mais ce n’est pas non plus parce que l’histoire emballe qu’elle va forcément donner un bon livre. Aussi, ne pas se lancer dans un projet d’écriture tant qu’on n’a pas la véritable impression de « tenir son sujet ».

On ne voit jamais son texte de la même manière dans son premier jet et en le relisant quelques jours ou semaines après. Il faut donc parfois laisser l’écriture se reposer.

Évidemment, ici, il est principalement question d’ouvrages de fiction. Mais cela ne signifie pas, pour autant, que les autres genres littéraires en sont exempts. Pour mettre en valeur un témoignage, il est nécessaire de réfléchir à quel(s) détail(s) de l’histoire ou quel(s) symbole(s) mettre en avant, ainsi qu’à la progression dans le temps, en envisageant, par exemple, des flash back, etc. On peut donner une part de fiction a un témoignage, sans pour autant le déformer, afin de renforcer les sentiments/émotions du narrateur. Par exemple, le témoin fait un rêve. Quand on souhaite traiter un sujet de société, la présentation sous forme d’essai n’est pas la seule option : il est également possible de traiter le sujet sous la forme d’une fiction, par exemple en imaginant une correspondance entre deux personnages…


Sur un site, que je présenterai ultérieurement :

R – Dans le cas ou quelqu'un à des idées pour un texte, un roman, mais qu'elles ne sont pas encore assez abouties, que conseillerais-tu pour justement éviter cet effet de remplir des pages pour finalement ne rien dire ?

S – SI je puis me permettre... Ma solution serait : écrire. Pour soi, en privé. Écrire beaucoup. Puis couper encore plus. N'en garder que l'essentiel. Puis lorsque ça a du sens, que ça se tient, alors là il est possible de publier.

R – Cela signifie qu'autrement la personne n'est pas permis de publier ?

J – Je rejoins le point de vue de S. il faut du temps, que ça murisse. C'est comme des fruits ou des légumes dans un potager, quand ce n'est pas assez mûr, pas la peine de goûter. Parfois, il est intéressant de laisser le texte se reposer un peu. Il est important de prendre son temps et de tâtonner le terrain, jusqu'à ce que l'on se sente en accord avec ce que l'on veut écrire. Se précipiter pour remplir des pages au plus vite est l'erreur à éviter.

R – Je n’empêche personne de publier. Mais dans ce cas, il ne faut pas s'attendre à des éloges si ce n'est pas un minimum travaillé, pensé, pesé, comme le précise J. ci-dessus.




Adapter le sujet à ses compétences et connaissances

Remarque n°1 : Si un auteur a eu une vie riche en expériences et en événements, il sera avantagé pour développer une thématique ou raconter une histoire. Par conséquent, il a intérêt à ne pas négliger ce point. Si sa vie est routinière, morne et plate, à moins de s’appeler « Proust », il devra consacrer du temps pour effectuer des recherches et explorer des domaines de connaissances afin de parvenir à susciter un intérêt. Même si ça semble une évidence, je précise quand même que l’on écrit seulement si l’on a quelque chose à raconter !

Prudence, par ailleurs, avec les histoires de personnages qui s’ennuient. Elles étaient très en vogue au XIXe siècle. Elles ne le sont plus du tout. Le lecteur actuel a toujours besoin d’être stimulé dans sa lecture. Par conséquent, personnage qui s’ennuie = auteur qui s’ennuie et risque, pour le lecteur, de s’ennuyer dans la lecture. Autrement dit, le thème de l’ennui est un sujet compliqué et épineux à traiter.

Remarque n°2 : Attention, danger, pour l’auteur qui traite d’un domaine précis sans en avoir les connaissances, par exemple le domaine médical ou une période de l’histoire… Ce n’est pas parce que l’on se lance dans une fiction que l’on peut se permettre de raconter n’importe quoi. Une simple erreur due à une ignorance et… boum badaboum… c’est tout le projet d’écriture qui risque de s’effondrer. Donc, dès le départ, bien prendre le temps de vérifier ses informations et si c’est par un spécialiste, c’est encore mieux.
 
 

Une (mauvaise) expérience de ce genre m’est déjà arrivée avec l’écriture d’un scénario. Je n’avais pas choisi moi-même le sujet. C’était une écriture à la commande. Le film devait s’appeler « Hépatite B » et traitait du thème de cette maladie. Le synopsis avait été accepté par un producteur, donc j’ai jugé inutile de vérifier la véracité des détails médicaux. J’ai pensé que d’autres l’avaient fait pour moi, puisque le scénario avait été accepté. Logique, non ? Donc, sereinement, je me suis mise à noircir des pages. Le projet évoluait au mieux, tout le monde était content. Puis, un après-midi coup de fil du producteur : il y avait une erreur sur le traitement de la maladie. L’erreur était irrattrapable. Le scénario a fini à la poubelle.


D’une manière générale, bien s’assurer que l’histoire de base soit cohérente et sans bourde également sur les questions de l’éthique. Dans les fictions où le personnage parle à la première personne du singulier, faire attention que quand le narrateur donne un avis, cela sous-entend que c’est également l’avis de l’auteur. Concernant les romans historiques, la question de l’éthique est sans doute plus sensible et problématique. D’autre part, si l’on triche et déforme l’histoire, comment ne pas passer pour un imposteur ? À ce sujet il est toujours possible de se fier à cette parole d’Alexandre Dumas : « Il est permis de violer l’histoire, à condition de lui faire un enfant. »
 
 


La législation, en France

Les lois françaises interdisent de tenir des propos racistes et incitant à la haine.

En ce qui concerne les livres destinés à un public de mineurs, ils doivent obligatoirement passer par un comité de censures.

La loi no 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications liées à la jeunesse, modifiée en 2011, stipule ceci :

Sont assujettis aux prescriptions de la présente loi toutes les publications périodiques ou non qui, par leur caractère, leur présentation ou leur objet, apparaissent comme principalement destinées aux enfants et adolescents, ainsi que tous les supports et produits complémentaires qui leur sont directement associés.
Les publications (…) ne doivent comporter aucun contenu présentant un danger pour la jeunesse en raison de son caractère pornographique ou lorsqu'il est susceptible d'inciter à la discrimination ou à la haine contre une personne déterminée ou un groupe de personnes, aux atteintes à la dignité humaine, à l'usage, à la détention ou au trafic de stupéfiants ou de substances psychotropes, à la violence ou à tous actes qualifiés de crimes ou de délits ou de nature à nuire à l'épanouissement physique, mental ou moral de l'enfance ou la jeunesse.
Elles ne doivent comporter aucune publicité ou annonce pour des publications de nature à démoraliser l'enfance ou la jeunesse.
(Modifié par LOI n°2011-525 du 17 mai 2011 - art. 46).

 

 

L’auteur tient enfin son histoire

Le/la voilà inspiré(e). Le sujet, l’intrigue, les personnages… Même s’il manque encore certaines parties, le fil du roman, déjà, se développe. Il/elle en est sûr(e) : son livre va faire un carton ! C’est l’euphorie…

Erreur n°3 : l’excès de confiance. Impossible de se faire une impression juste de son propre texte tant qu’on ne l’a pas écrit et tant qu’il n’a été  ni choisi, ni lu.

Il est généralement très rare, pour un spécialiste de l’édition, de prévoir ce qui peut, ou non, devenir un succès. Il faut noter que le public des lecteurs , par aiileurs, est très fractionné.

Presque chaque sujet qui peut être traité dans la littérature, va avoir tendance à attirer les uns et à rebuter les autres.

De plus, des lecteurs aiment les livres peu épais et d’autres ne cherchent que des pavés.

Des lecteurs ne choisissent que des livres avec images et photos ; d’autres n’en veulent surtout pas.

Des lecteurs n’aiment que les romans ; d’autres ne lisent jamais de fiction, etc.


Styles, genres et sous-genres

S’ajoute un clivage important entre les partisans d’une littérature traditionnelle, appelée « littérature blanche » et ceux de nouveaux genres, quelque peu populaires, sous-catégories des genres classiques.

Si vos modèles sont encore et toujours des auteurs tels que Platon, Montaigne, Victor Hugo, Rimbaud ou Sagan… c’est-à-dire des auteurs qui sont dans la lignée des classiques, alors vous aimez « la littérature blanche. »

Ne pas confondre le terme « littérature » avec le mot « genre ». Le « genre noir » est un modèle de littérature accès sur la critique sociale.

Donc le « genre noir » appartient le plus souvent à la « littérature blanche ».

Quant à la « littérature noire », il s’agit d’une littérature écrite par des auteurs Noirs. Donc, rien à voir : elle n’est pas le contraire de la littérature blanche.

Mais les romans Fantasy, SFFF, Feel Good, New Romance, etc, n’appartiennent pas à la littérature blanche. Ces sous-genres de la littérature ont presque tous des appellations anglaises (les puristes de la langue française sont devenus très silencieux) et les livres sont facilement repérables à leurs couvertures kitchs, souvent flashies.

Il existe, par ailleurs, une littérature qui mélange les modèles classiques avec les « sous-genres ». Il est question, dans ce cas, de « littérature grise ».

 

 



Quelques traductions :

SFFF : Science Fiction Fantasy et Fantastique.

Fantasy : Sous-genre du fantastique, avec une importance particulière accordée aux « pouvoirs magiques » et « effets spéciaux ».

Fantasy urbaine : Fantasy dans un milieu urbain.

Feel Good : Littérature fictive ou non, qui permet au lecteur de se sentir bien.

Romance : histoire d’amour.

New romance : Histoires d’amour difficiles en raison de personnages perturbés mentalement.

Dark romance : Histoires d’amour impossibles, parce qu’interdites.

New adult romance : Romance pour jeunes 18/30 ans.

Romantasy : mélange romance et Fantasy.

Cosy mystery : sous-genre du policier où l’enquête est menée par des personnages qui ne sont pas policiers.



Y a-t-il une recette du succès ?

 

Certains auteurs écrivent pour le plaisir et sans ambition particulière, tandis que d'autres espèrent devenir des écrivains accomplis en réussissant dans cette voie.

 

Mais n'existe-t-il pas plusieurs types de réussites ?

 

– Un auteur signe chez un grand éditeur. c’est en soi un succès, mais cela ne signifie pas forcément qu’il va devenir un grand écrivain (ou une grande écrivaine).

 

– Peu d'auteurs réussissent à vivre de leur plume. Le succès, serait-il alors celui-là ? 

 

– Le succès commercial : le livre remporte des records de ventes ; il passe comme une comète… et se fait rapidement oublié.

– L’ouvrage parvient à durer, ou encore à marquer le lecteur, soit en raison du style , soit par l’originalité du sujet.

– Le texte exerce une influence positive sur son public.

À l’auteur de se poser la question au sujet du type de réussite qu’il souhaite.

À savoir : des auteurs comme Valérie Perrin ont énormément de succès au niveau local, mais restent peu connus au niveau national. D’autres, comme Françoise Bourdin, vendent autant de livres que Musso et Levy, mais n’ont pratiquement aucune couverture médiatique. Précisons encore que le monde de l’édition reste encore assez machiste : la très grande majorité des auteurs primés en littérature sont des hommes. Percer dans le monde de la bande dessinée, pour une femme, reste compliqué. À la « 25e heure du livre » au Mans, au moment du déjeuner des auteurs, je m’étonne de constater une table de douze convives avec uniquement des hommes et décide de me renseigner. Réponse de ces derniers : « Nous sommes le secteur de la bande-dessinée. »

 

 

 

 

Avant de s’interroger sur ce qui provoque un succès littéraire, il semble aussi judicieux de se poser la question : le public a-t-il bon goût ?

 


Ici, je réponds sur un site, à une auteur qui s’interroge sur l’importance que l’on doit accorder aux avis des lecteurs et notamment lorsqu’ils donnent des avis négatifs :

Concernant les critiques, qu'elles nous semblent justes ou non, trop positives ou négatives, on est de toute façon obligé de faire avec, parce que la finalité d'un livre est de pouvoir communiquer. Les fast-food ont plus de succès que les restaurants de terroir ; l'industrie du jeu vidéo est plus importante que celle du cinéma. Les goûts du public, en matière de lecture, sont peut-être corrompus, mais cela prouve, dans ce cas, que les œuvres dites de qualité échouent dans leur rôle de convaincre. À titre perso je préfère quand même l'auteur qui cherche à faire de la qualité plutôt que celui (ou celle) qui se préoccupe uniquement de caresser le lecteur dans le sens du poil pour récolter le maximum de petites étoiles jaunes. En même temps, il reste important de prendre en compte les avis des lecteurs, qui sont parfois pertinents et, de toute façon, toujours porteurs d'une signification.


 


Quels sont les genres littéraires qui se vendent ?

Dans les sous-genres, les livres qui remportent un indéniable succès (de ventes), sont les Fantasy et surtout, si l’on tient compte du secteur de la bande-dessinée, les Manga. Ces derniers génèrent un tel engouement que beaucoup de grandes librairies ont désormais un secteur réservé à ce genre.

Mais il s’agit essentiellement d’un public de jeunes (12 / 35 ans).

Relevé sur Google :
 On constate que la littérature contemporaine est largement en tête. Elle est deux fois plus vendue que le polar, lui-même environ deux fois plus vendu que les romans d'amour. Ces trois genres cumulés dépassent largement le reste de la liste des genres en termes de chiffres de vente.

Le Cercle des poètes a-t-il vraiment disparu ?  

Ce n'est un mystère pour personne : la poésie se vend mal. Il y a apparemment pire : les récits écrits en vers. Heureusement que le célèbre Homère n’a pas écrit l’Iliade et l’Odyssée à notre époque !

Une petite exception à la règle avec, cette dernière décennie, la mode des hiaku, petits poèmes japonais très codifiés, qui ont leur public.

 

 


Ici, une discussion avec une poétesse au salon du livre de Vendôme, que je retranscris :

Elle : – Moi, de toute façon, si j’écris, c’est pour le plaisir. Je sais que la poésie n’intéresse pas beaucoup de lecteurs.

Moi : – C’est, je pense, une question d’époque. Regarde Victor Hugo.

Elle : – Oui, mais lui n’a pas écrit que de la poésie.

Moi : – Peut-être, mais il a quand même été connu comme un grand poète et c’était, en plus, un homme politique. Tu imagines ça, de nos jours, un homme politique que l’on présente comme un poète ?

Elle : – Non, en effet, je ne vois pas trop Macron raconter qu’il écrit des poèmes.

On s’est imaginé, toutes les deux, Macron en train d’écrire de la poésie et on a eu, évidemment, un gros fou rire.



 


 
 
 

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